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La Transterrilienne. En fait, ce mot n’existe pas, ou plus. Il ne figure ni sur les cartes ni dans aucun document officiel ou ouvrage sur le patrimoine industriel. Il a pourtant fait la Une. 

Rarement, on aura vu des mots et expressions nouvelles émerger dans la continuité d’une idée et se voir aussitôt adoptés par la presse qui en fait des titres et y consacre des articles. C’est pourtant de cette idée, ébauchée en 2004 à Aiseau (Châtelet), que démarre un sentier GR des Terrils tel que pratiqué aujourd’hui.

La Chaîne de terrils wallons, les petites Alpes en Sol Mineur, traversées par une Transterrilienne, voilà les mots-clés de cette histoire à son commencement. 

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Revenons sur les étapes qui nous ont amenés à regarder « nos » terrils d’en haut !
Cette idée-maîtresse d’imaginer des continuités piétonne entres les terrils dans un grand paysage, d’en promouvoir la richesse patrimoniale et historique et surtout de relier entre eux les bassins miniers par des visites-découvertes balisées est émise par Olivier Rubbers à la Ferme des Castors à Aiseau au début des années 2000.

Mis sur les rails, le projet reçoit le soutien des autorités et institutions publiques wallonnes, des instances de la Culture et du Patrimoine. Avec l’aide d’associations sœurs,  Espace Terrils asbl entreprend un travail de reconnaissance sur carte. Le remarquable site Internet de l’association (disparu dans sa forme initiale) propose des fiches de localisation des terrils wallons.

En 2004, la presse régionale donne un large écho à l’inauguration du balisage d’un sentier des terrils qui va de Bernissart au Plateau de Herve, appelé la Transterrilienne.

Sur le terrain, la signalétique comporte un V  qui symbolise à la fois le V de la victoire et un terril à l’envers. Mais face à un tel projet, la tâche sur le terrain est énorme et les moyens humains sont dérisoires. Devant un pareil défi, l’enthousiasme d’une poignée de passionnés ne suffira pas.

Du côté des institutions, le train de la reconnaissance paysagère des terrils est en marche !

Dès les années 90, sous l’impulsion de la Conférence de Rio (1992) qui se préoccupe de la banalisation et de la  mondialisation  des paysages, on se met à regarder les terrils autrement.

De crassiers, voire de poubelles, déniés, stigmatisés, les terrils sont désormais au centre de nouvelles perspectives : refuge de biodiversité, ils sont devenus des poumons verts pour la ville, des repères dans le paysage, des symboles de la mémoire industrielle pour toute une région.

Dans les années 90,  le projet RaVel (Réseau Autonome des Voies lentes) se met en place.  Concrètement, l’idée d’utiliser l’important réseau ferroviaire industriel désaffecté en vue d’y créer un réseau de circulation privilégiant la mobilité douce est développé par la Région wallonne.

En 1994, le département de l’Aménagement urbain de la ville de Charleroi publie « BALADES A CHARLEROI: terrils, parcs, bois, anciennes carrières, etc... ». On y évoque déjà l’idée de « chaîne des terrils ». Dans une perspective de mise en valeur de l’environnement, on y découvre des itinéraires utilisant d’anciens tronçons de voies ferrées et de lignes vicinales désaffectées et promises au développement futur des RaVel, utilisant également des sentiers, ruelles, chemins de halage et de remembrement.

Ces nouvelles balades, totalement originales,  tiennent lieu d’explorations urbaines. Certains tronçons, bien connus des riverains, s’avèrent être de précieux raccourcis. Ils offrent une nouvelle vision de Charleroi. L’idée de traverser les localités en reliant les terrils les parcs, les espaces verts, fait peu à peu son chemin, même si le travail réalisé reste méconnu du grand public. 

Dans les années nonante, la ville de Charleroi publie la brochure « ESCAPADES à CHARLEROI« . On y trouve des itinéraires de balades balisées autour des terrils à Jumet, Ransart, Marcinelle et Gilly. Le balisage subsiste ça et là, il s’agit d’une flèche directionnelle en relief sur le trottoir, elles sont aujourd’hui rares et quasi invisibles … 

En 2006, la Ville de Charleroi et Espace Environnement publient dans « PLANIFIER UNE NOUVELLE VALORISATION DES TERRILS » les potentialités du paysage minier, son originalité, les constats et observations sur le terrain, la concrétisation du maillage vert (le RaVel 3-La Houillère) et du maillage bleu (le halage le long de la Sambre). http://www.espace-environnement.be/pdf/amver_terrils_planif.pdf

Pendant ce temps, le projet Transterrilienne tarde à se concrétiser. Après plusieurs contacts entre l’association « Espace Terrils » et les Sentiers de Grande Randonnée, Olivier Rubbers accepte de confier entièrement le projet à ces derniers. 

Les travaux de reconnaissance et les demandes d’autorisations sont lancés. Le parcours est composé de 32 tronçons empruntant majoritairement les ruelles, sentiers et venelles qui traversent les localités et côtoient les lieux de vie et de mémoire. Autant de voiries alternatives auxquelles s’ajoutent des portions de halage et de ces fameuses voies déferrées du RaVel.
Ce travail a représenté deux années de volontariat pour les membres des SGR. Actuellement, 
21 personnes bénévoles se chargent de la maintenance du balisage sur le parcours et des adaptations du parcours liées à la modification des voiries ou des lieux traversés. 

Le 4 décembre 2006, les SGR inauguraient le topo-guide du sentier GR412 des terrils.  https://cheminsdesterrils.wordpress.com/2010/11/09/le-sentier-des-terrils-ou-le-gr412/

topo-guides version 2006 (épuisés)

En Juillet 2021, la nouvelle édition du topo-guide du GR412 est disponible en un seul volume.

https://grsentiers.org/topo-guides/33-gr-412-sentier-des-terrils-9782931078129.html

Localisation des images:

Photo 1: depuis le terril du Bayemont-St Charles à Marchienne Docherie. – Photo 2: Terril Hoegarde à Leernes depuis le siège n°1 à Fontaine l’Evêque. -Photo 3:Chaine de terrils depuis le terril de Bayemont. -Photo 4: sur le Ravel à Monceau. – Photo 5: au pied du terril des Viviers à Gilly. -Photo 6: le long du halage, le terril de Bonne Espérance 1 à Tergnée.

Sources: le Soir. Espace Environnement Charleroi. Terrils.be. Les Sentiers de Grande Randonnée.